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Il est des figurines qui dépassent leur simple silhouette de terre cuite. Celle-ci, je l’ai acquise à l’hiver 2020, non pas dans une boutique ou sur un marché, mais auprès de l’association des collectionneurs cannetois, en partenariat avec le Comité d’Animation du Cannet-des-Maures. Une prévente avait été lancée en septembre, avec la promesse d’une livraison solennelle, juste avant Noël, à la Maison de la solidarité, mise à disposition par la mairie.

Ce santon-là n’est pas n’importe lequel. Il s’agit du mineur de bauxite, accompagné de son wagonnet, créé par l’atelier du Moulin à Huile à Aubagne. Une pièce singulière, née dans le sillage d’un concours organisé en 2019 pour choisir un personnage emblématique du patrimoine cannetois, à l’occasion des trente ans de la fermeture de la dernière mine varoise. Le public avait tranché : ce serait le mineur, celui que les crèches n’avaient jamais vraiment représenté, trop souvent éclipsé par son cousin charbonnier.

Le Moulin à Huile, connu pour ses santons de tradition mais aussi pour ses créations habillées, a relevé le défi. De la main de Patrice Jarque et de son équipe est sorti ce personnage modeste mais essentiel, fidèle dans sa posture, dans ses outils, dans le rouge de sa mémoire. Et Danièle Diaz, en charge de la décoration, a su lui donner ce regard un peu grave, cette silhouette campée, presque digne malgré la fatigue.

Dans ma crèche provençale, chaque fin d’année, une nouvelle figurine trouve sa place, selon une coutume ancienne, celle de faire vivre, enrichir, faire dialoguer le monde des santons. L’arrivée de ce mineur de bauxite, en 2020, a eu pour moi une résonance toute particulière.

Il ne s’agissait pas seulement d’ajouter un nouveau métier. Il s’agissait de faire entrer les mines du Thoronet dans le foyer, et en particulier celle du Rigoulier, perchée juste au-dessus de la maison. Celle dans laquelle nous jouions, adolescents, comme beaucoup d’autres du village, sans toujours mesurer ce qu’elle représentait pour ceux qui y avaient peiné.

Ce n’est pas un santon comme les autres. C’est un témoin silencieux, un éclat de bauxite dans la main du souvenir. Il me rappelle que la Provence ne se résume pas aux lavandes et aux oliviers. Elle est aussi faite de galeries souterraines, de poussière rouge, de solidarité minière. Et qu’un santon, parfois, peut contenir tout cela — et plus encore.ir tout cela — et plus encore.