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Il y a cinq ans, dans ce printemps suspendu de l’an 2020, le monde s’était refermé sur lui-même. Les cloches étaient restées muettes, les églises vides, et même le très ancien, le très innocent Lapin de Pâques s’était vu assigné à résidence.

Distribuer des œufs, courir dans l’herbe en famille, rire sous les cerisiers en fleurs… tout cela pouvait, à l’époque, coûter 135 euros. 150, si l’on comptait la mémoire fléchissante et l’émotion du moment. On ne sortait plus pour chercher des œufs, on sortait pour chercher des ennuis.

Aujourd’hui encore, certains croient voir un loup, d’autres prétendent lever un lièvre, mais bien peu veulent passer pour le perdreau de l’année. Le bestiaire imaginaire reste notre refuge, notre langage secret pour dire l’absurde et l’invisible. Les animaux changent, les histoires demeurent.

Et c’est peut-être cela, au fond, la plus fidèle des traditions.